La lente chute d’une génération dorée

Depuis plusieurs années, l’équipe nationale belge de football, longtemps présentée comme une des plus talentueuses au monde, traverse une période de turbulences.
Malgré les promesses d’une « génération dorée » emmenée par des joueurs tels que Kevin De Bruyne, Thibaut Courtois ou Romelu Lukaku, les Diables Rouges peinent à transformer ce potentiel en succès concret.
Retour sur une crise qui dépasse les résultats sportifs.

Une spirale de contre-performances

Les déboires récents de la Belgique sur la scène internationale illustrent une lente érosion de ses performances.
Lors de l'Euro 2024, les Diables Rouges ont été éliminés dès les huitièmes de finale par la France (2-1), un résultat décevant pour une équipe qui visait au moins les demi-finales.
La Ligue des Nations 2024-2025 a ensuite confirmé cette tendance : placée dans un groupe difficile avec l’Italie, la France et Israël, la Belgique a terminé à une modeste troisième place avec seulement 4 points en six matchs.

Cette série de résultats médiocres; ou tout du moins "en deçà"; a mis en lumière plusieurs problèmes : une défense perméable, un milieu parfois déconnecté, et une attaque qui manque de créativité face à des adversaires bien organisés.
L’équipe semble avoir perdu la cohésion et l’identité de jeu qui faisaient sa force il y a encore quelques années.

Des tensions internes déstabilisantes

Au-delà des performances sur le terrain, l’équipe belge est minée par des tensions internes.
Le cas de Thibaut Courtois a particulièrement marqué les esprits. En juin 2024, le gardien vedette a quitté le rassemblement national, reprochant au sélectionneur Domenico Tedesco une mauvaise gestion et un manque de reconnaissance. Ce conflit a révélé une fracture entre certains cadres de l’équipe et le staff technique.
De plus, lors de la Ligue des Nations, une altercation entre Wout Faes et Arthur Theate a montré que ces tensions ne se limitaient pas au staff, mais s’étendaient également entre les joueurs. Ces disputes reflètent une perte d’unité et une difficulté à gérer les ego dans une équipe où les attentes sont élevées.

Un sélectionneur remis en question

Domenico Tedesco, arrivé en 2023 pour remplacer Roberto Martinez, fait l’objet de nombreuses critiques.
Si son approche tactique avait initialement séduit, les récents échecs lui ont valu de vives remontrances.
Ses choix de composition, notamment l’exclusion de certains cadres et la promotion de jeunes joueurs, ont divisé l’opinion.

L’incapacité à instaurer une dynamique positive ou à régler les conflits internes fragilise sa position.
Les supporters et la presse belge pointent également un manque d’adaptation tactique face à des adversaires de haut niveau, ce qui alimente les spéculations sur un éventuel changement de sélectionneur.

Une génération en bout de course ?

L’un des principaux défis de la Belgique réside dans le renouvellement de son effectif.
Si des joueurs comme Kevin De Bruyne et Romelu Lukaku restent performants (surtout en club ?), ils approchent de la fin de leur carrière internationale.
La question du relais générationnel devient urgente. Bien que certains jeunes talents émergent, tels que Jérémy Doku ou Charles De Ketelaere, ils peinent encore à prendre le leadership de l’équipe.

Le manque d’intégration progressive des jeunes dans un cadre bien défini pourrait expliquer cette difficulté. La Belgique semble payer le prix d’une dépendance excessive à ses cadres historiques, sans avoir préparé de transition efficace.

Des perspectives incertaines

La Belgique devra faire face à des défis immédiats pour éviter une chute encore plus marquée.
En mars 2025, les Diables Rouges disputeront un barrage contre l’Ukraine pour rester en Ligue A de la Ligue des Nations. Une relégation serait un nouveau coup dur pour l’équipe et pourrait accélérer les décisions drastiques.

Pour retrouver son éclat, la fédération devra travailler sur plusieurs axes :

  • Renforcer la cohésion interne : résoudre les conflits et instaurer une dynamique positive.
  • Clarifier le projet sportif : définir un style de jeu clair et efficace.
  • Miser sur la jeunesse : intégrer progressivement les jeunes talents tout en capitalisant sur l’expérience des cadres.
  • Redonner confiance aux supporters : par des performances convaincantes sur le terrain et une communication transparente.

Les Diables Rouges, autrefois synonymes de talent et de promesses, sont aujourd’hui à la croisée des chemins.
Entre tensions internes, résultats décevants et nécessité de renouvellement, l’équipe nationale belge devra rapidement se réinventer pour éviter de sombrer dans l’oubli.

Si la « génération dorée » n’a pas totalement tenu ses promesses, elle a laissé un héritage précieux. Il revient désormais aux dirigeants, au staff et aux joueurs de transformer cette crise en opportunité pour écrire une nouvelle page de l’histoire du football belge.